Sylvie nous a confié

Impossible de trouver une minute pour écrire, il s’est passé trop de choses dans ma vie.

Impossible de trouver une minute pour écrire, je suis addict à la parole des autres, surtout celles sur France Culture.

A chaque fois que je me penche sur une page blanche, j’entends une voix, une phrase qui me saisit et m’embarque dans de nouveaux voyages fascinants en écoutant la radio.

J’écoute des parcours insolites et je deviens une jeune femme qui, en reconversion professionnelle après une formation de crêpière s’installe dans le Loiret, département improbable, et fait un buzz commercial parce que dans le Loiret, les crêpes « ils ne connaissent pas ».

Une violoncelliste réputée parle de Delphine Horvilleur et d’artistes qu’elle admire et soudain on entend Delphine chanter »la chanson » d’Anne Sylvestre en yiddish.

Ou bien c’est une émission avec Gaël Latour, Jésuite économiste, qui me fait devenir expert en transition écologique.

Ce sont de jeunes femmes indiennes qui racontent leur adoption frauduleuse via des communautés de Mère Teresa vers des pays occidentaux.

C’est un élagueur allemand qui explique les soins aux arbres avec des méthodes ancestrales.

Les titres des émissions sont elles mêmes des invitations à rêver, imaginer :

Partir en pente douce

Entendez-vous l’écho

Les pieds sur terre

Dimanche et après

A voix nue

Des papous dans la tête

Soft power

Les idées claires

Concordance des temps

A l’écoute de France Culture, je me sens de tous les pays, de toutes les couleurs, de toutes les religions y compris athée, de toutes les couleurs de peau, de tous les mouvements sociaux et politiques anciens et actuels.

Je suis la femme de Neandertal qui ne passait pas le balai dans les cavernes.

Je suis le Syrien qui organise une bibliothèque sous les bombes de son gouvernement.

Je suis le caravanier de Marco Polo qui participe à la mondialisation de la Renaissance.

Je suis la 1^ère femme Imam libérale de France.

Je deviens familière au fil des semaines d’un cinéaste, d’une astronome ,d’unTisserand ,1 comique ,1 relieur de livres ,1 écrivain. J’arrête cet inventaire qui pourrait être celui de Prévert.

Alors au lieu d’écrire, je dessine en écoutant fenêtre ouverte, la voix du dehors, proche ou lointaine. Mon rêve est un jour d’écouter François Morel.